Quelques instants de plus et dans un geste délicat Elise avait terminé de remonter la dernière mèche de cheveux de ce chignon élaboré, tenant par des épingles ornées de perles de culture blanche, parsemant ses cheveux noirs de ces touches blanches nacrées délicates. Personne à séduire ce jour-là, personne à impressionner. Ce n’était là que le simple plaisir de se mettre à son avantage pour une rencontre qu’Elise savait déjà qu’elle serait agréable. Une élégante robe verte sombre au col rehaussé d’une fine fourrure noire qui pour une fois n’en dévoilait pas trop, flattant simplement sa silhouette encore agréable malgré son âge qui avançait tranquillement lui aussi. Un collier en argent fin mais visiblement très bien ouvragé, sa fidèle canne pour la soutenir, et elle pourrait se mettre en route,se couvrant tout de même d’une cape élégante.
D’un pas assez lent, elle n’était pas encore pressée, l’heure n’était pas encore arrivée. Elise avait rendez-vous pour le déjeuner. Pas avec un beau jeune homme ni même un camarade tueur. Non, ce jour-là elle retrouvait une jeune femme qui lui tenait à coeur. Celeste était la fille d’une vieille amie, une des rares de cette époque avec qui Elise avait encore un bon contact. La jeune femme lui avait presque été confiée, souhaitant rejoindre l’Angleterre plutôt que rester en France. La belle en connaissait les raisons et les approuvait aussi. L’aider à monter cette affaire où elle devait se rendre avait été une aventure assez intéressante. Elise n’avait pas été effrayée par le projet, elle le trouvait même très bien pensé. Ce qui se confirmait avec le temps.
C’est donc avec un très léger sourire qu’elle avait passé la porte de l’établissement. Un sourire qui s’était élargi en la voyant dans cette salle, maîtresse des lieux et Elise la pensait même assez fière de pouvoir lui en montrer un peu plus aujourd’hui. Lui ouvrant le bras qui ne tenait pas sa canne, la belle pris sa nièce de coeur dans ses bras avec délicatesse, déposant ensuite un baiser dans ses cheveux, comme elle pourrait le faire pour ses propres enfants.
-Bonjour Celeste, comment vas-tu?
Profitant avec elle de la possibilité de le faire, Elise tenait cette conversation ou au moins le début en français, appréciant en retrouver les sonorités qui lui étaient si familières. La jeune femme l’avait ensuite guidé jusqu’à une table, la meilleure semblerait-il, ce qui ne surprenait pas Elise. Si la belle française ne l’aurait pas exigé, laissant à Celeste le seul mérite de l’endroit et refusant ainsi d’essayer de peser avec l’aide qu’elle lui avait apporté, elle n’en appréciait pas moins le geste. Se débarrassant de sa cape, la belle s’était installée confortablement.
-Alors, qu’as-tu à me montrer? Que peux-tu me raconter de beau ma grande?
Une certaine familiarité, une bonne douceur même qu’elle n’accordait pas à grand monde. Sans ce lien qui unissait les deux vielles amies, Celeste n’aurait certainement pas le droit à ces attentions ni plus simplement son affection. Aujourd’hui pourtant elle comptait la jeune femme dans ses proches et si elle n’était pas derrière elle comme ses propres enfants, elle restait très attentive.